16 août 1951
Il est des artistes pour lesquels le blues ne vient pas naturellement, ne relève pas de l’évidence. Cela obéit à une lente maturation, cela passe par des rebondissements,
des quêtes qui fouillent la nature humaine, par le partage.
Mais quand on voit le résultat, cela se consomme sans modération.
Aujourd’hui, franchement, à part Eric Bibb,
on se demande qui est capable de faire aussi bien du neuf avec du vieux.
A moins que ce soit l’inverse...
Eric Bibb, né à New York le 16 août 1951, est issu d’une famille cultivée de classe moyenne, il est élevé dans un milieu où la musique et l’éducation font le meilleur ménage, et cela explique sans doute l’approche raisonnée qui dicte son parcours : « Fils d’une enseignante et d’un musicien professionnel, j’ai été au contact d’un environnement culturellement riche. J’étais privilégié même si, en tant qu’Afro-Américain, j’étais parfois confronté au racisme. Mais j’ai eu de la chance, j’ai vécu une enfance insouciante et heureuse. Dès mon plus jeune âge, la musique a joué un rôle essentiel dans ma vie, même si on peut toujours dire que c’était un exutoire face aux problèmes. Les proches de ma famille avaient des visions universelles et œuvraient en faveur d’un monde où chacun aurait sa place. En tant qu’éducatrice, ma mère m’a profondément inspiré, notamment dans le domaine de la lecture, mais en restant toujours soucieuse de ne pas nous priver des autres formes de culture. »
Et parmi ces autres formes cultures, la musique s’écrit vite en mode majeur. Il faut dire que le père d’Eric Bibb, Leon, né en 1922 et petit-fils d’esclave par sa mère, est un chanteur dont le nom apparaît régulièrement lors de sessions à partir des années 1950, notamment dans un registre folk, mais il est à l’aise dans de nombreux styles dont le blues, le gospel, le ragtime, le jazz, le cabaret, la comédie musicale…
Particulièrement éclectique, engagé politiquement, Leon Bibb apparaît également au cinéma, au théâtre et lors de shows télévisés. Toujours actif à 87 ans, il a gravé deux cd avec Eric, A Family Affair en 2002 et Praising peace – A tribute to Paul Robeson en 2006. Quant à l’oncle d’Eric Bibb, le pianiste John Lewis (1920-2001), c’est un membre fondateur du fameux Modern Jazz Quartet.
Dès lors, Eric Bibb s’y met tout jeune : « J’ai commencé à jouer de la guitare vers l’âge de 7 ans. Je prenais des cours dans une école de musique du quartier. Ces leçons très basiques ne m’excitaient pas beaucoup, et j’apprenais bien plus ne écoutant énormément de disques et entouré de mon père et des musiciens qui l’accompagnaient, souvent d’excellents guitaristes. Plus tard à 11 ans, j’ai appris la guitare classique. Mon professeur était Myron Weiss et, depuis ma banlieue, je me rendais à Greenwich Village une fois par semaine après l’école, ce qui me prenait 1h15. Je n’étais pas un élève très discipliné, mais Myron savait me faire partager son amour réel de l’instrument tout en me faisant prendre conscience des possibilités infinies offertes par la guitare. Ces leçons m’ont servis de fondations pour développer plus tard mon propre style de flingerpicking. J’ai également brièvement étudié la guitare jazz et le piano. Stanford Gold, mon professeur de piano, était une légende à New York. J’espère que j’étais alors un meilleur élève ! A cette époque parmi les nombreux artistes qui m’influençaient, l’un des plus importants était le bassiste Bill Lee (le père de Spike Lee), qui accompagnait régulièrement mon père. C’est un excellent bassiste doublé d’un compositeur de jazz qui puise largement dans les musiques folkloriques afro-américaines (blues spirituels, etc.) pour s’inspirer. »
Même si Stanford (né en 1911) fut effectivement un pianiste de jazz renommé des années 1930 à 1950 avant de se consacrer à l’enseignement, Myron Weiss et Bill Lee (qui apparaîtra plus tard sur deux cd d’Eric, Me to you et Friends) sont méconnus. Mais les relations paternelles lui permettent aussi de côtoyer des artistes autrement plus célèbres, dont Odetta, Son House, Gary Davis, Pete Seeger, Bob Dylan et Paul Robeson (son parrain). Plusieurs de ces personnages sont également connus pour leur engagement politique à une époque où la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains est à son apogée. Entre autres acteurs, écrivain et chanteur, Paul Robeson (1898 – 1976) est notoire pour son engagement contre toute forme de ségrégation et son attachement au communisme (dans les années 1950, il se rend fréquemment en URSS). Robeson et Leon Bibb sont amis de longue date et partagent certaines convictions qui leur valent d’ailleurs d’être considérés comme des gauchistes et mis sur liste noire, un statut qui ne favorise pas l’évolution de leur carrière.
Sans doute sous l’influence de Robeson, Leon inscrira plus tard Eric à l’université où il apprend notamment le russe, une expérience sans lendemain… Mais Eric se souvient de cette période particulière : « Le mouvement des droits civiques était très important pour ma famille et bon nombre de nos amis. Mes parents supportaient activement le mouvement mené par des gens comme Martin Luther King, et je me souviens avoir assisté à de nombreux concerts organisés en faveur des droits civiques. Je me souviens aussi qu’une grande partie des chansons interprétées allaient dans le sens d’un rapprochement des gens entre eux. »
Dans ces mêmes années 1960, la famille Bibb s’installe à Greenwich Village. Dans le quartier de Manhattan, l’adolescent trouve une ambiance propice à sa quête d’épanouissement artistique, même s’il n’en a probablement pas encore totalement conscience : « Aussi loin que Greenwich Village me ramène et aux yeux du préadolescent que j’étais alors, c’était une sorte d’utopie musicale et artistique. Le gens semblaient plus ouverts d’esprit, sensibles à la poésie, plus libres que partout ailleurs. Chaque dimanche, il y avait un grand rassemblement d’artistes folk à Washington Square Park. A partir de mes 11 ans, c’est devenu un évènement régulier dans ma vie. Mes parents m’autorisaient à m’y rendre seul, j’appréciais cette liberté et surtout, j’adorais la musique. »
Par sa richesse, ce contexte familial et artistique favorise indéniablement le goût pour la musique d’Eric Bibb, toutefois encore trop jeune pour choisir un style particulier, et il se sent sans
doute alors plus proche de la folk music que du blues. En 1967, il fait de timides débuts en jouant de la guitare lors d’un show télévisé de son père, mais après des études universitaires
avortées, son parcours a peut-être besoin d’un déclic (le déclic Bibb ?). Et de façon assez inattendue, il prend ses cliques et ses claques en 1970 et quitte les Etats-Unis pour la France ! Il
connaissait déjà l’Europe où sa famille l’avait emmené en 1964 (ainsi que l’URSS, où son père se produisait en tournée), mais là, il part littéralement à l’aventure : « Cette fois, je revenais en Europe seul, ma guitare à la main. Installé à Paris, j’ai vraiment dû me battre pour m’en
sortir, notamment en jouant dans le métro, mais d’une manière générale j’ai aimé cette expérience de jeune musicien bohémien dans une ville aussi excitante et nouvelle. C’était vraiment
chouette. » Cette expérience lui permet de rencontrer un compatriote expatrié, Mickey Baker, qui jouera un rôle essentiel en l’orientant vers le blues.
Après une année passée à Paris, ses pas le mènent à Stockholm en Suède, où il retrouve certains repères : « Dans les années 1970, à plusieurs points de vue, la Suède prolongeait l’atmosphère d’insouciance et d’amitié du Greenwich Village des années 1960. Plein de bonne musique, de grands moments et une politique intègre ! C’était une communauté internationale à laquelle j’appartenais, et bon nombre de mes amis d’alors restent présents dans ma vie aujourd’hui. L’un d’entre eux, Bjørn Hamrin, est un excellent harmoniciste qui tenait à l’époque une petite boutique de disques, Earl Birds Records. Bjørn a joué un vrai rôle dans ma passion pour la quête du blues originel. » Eric Bibb fonde une famille en Suède, mais il demeure discret sur cette page de sa vie qu’il ne souhaite de toute évidence pas rendre publique.
En revanche, il s’exprime plus facilement sur le phénomène qui voit nombre d’artistes états-uniens s’installer en Europe : « Oui, beaucoup de musiciens (notamment de jazz et de blues) ont quitté leur Amérique natale pour l’Europe. Pour les Afro-Américains, c’était un moyen bienvenu d’échapper aux tracas quotidiens du racisme. Cela ne signifie pas que l’Europe soit spécialement bienveillante à l’égard des gens de couleur, mais c’est juste parce que son histoire n’est pas la même, et donc la manière de percevoir autrui diffère. Comme beaucoup d’autres, j’ai ressenti ce changement, synonyme de renouveau et de liberté. L’Europe en générale et la France en particulier entretiennent une longue histoire avec la musique afro-américaine, qu’elles aiment et soutiennent. Aux Etats-Unis, le blues est étroitement associé à un contexte social dur, et dans une certaine mesure, il est sous-estimé en tant qu’expressions artistique d’importance. Son histoire gêne toujours cette société qui commence seulement à considérer son passé brutal avec honnêteté. John Lee Hooker avait raison quand il chantait que le blues est un sorcier ! A nous tous, la vitalité durable du blues a apporté un autre regard sur notre histoire comme sur nous-mêmes. »
Après un premier séjour suédois, Eric Bibb revient en 1980 aux Etats-Unis, mais rien n’y fait, il quitte à nouveau sa patrie natale pour retourner à Stockholm. Malgré une grosse activité dans les
clubs et avec les musiciens locaux, on s’étonne toutefois qu’il n’ait rien gravé de notable dans les années 1970. Bien sûr, en 1977, sort Rainbow people (pour le label suédois Opus 3, récemment
réédité en cd) mais ce disque assez pauvrement enregistré et sans vraie ligne directrice ne lui rend partiellement justice : « Il s’agit de l’un de mes premiers enregistrements édités. En fait, c’est une sorte de carnet musical dans lequel je m’efforce d’identifier quelques directions que je
trouvais alors intéressantes. J’ai depuis accompli un long chemin pour parvenir là où je suis. J’ai eu de la chance d’être aidé par un petit label indépendant qui comprenait mon approche de jeune
artiste en devenir : j’avais besoin de cette expérience et d’entendre comment cela sonnait pour me trouver artistiquement. »
Sa réputation grandit et ses collaborations dépassent peu à peu le cadre suédois. Ainsi, en 1993, Eric Bibb retrouve les valeurs paternelles en chantant pour Nelson Mandela : « J’ai écrit la chanson Mandela is free et j’ai eu de la chance de l’interpréter pour Nelson Mandela lors d’un concert à Stockholm. Ce fut une expérience inoubliable en termes d’inspiration. Admirer et soutenir le mouvement en faveur de la fin de l’apartheid en Afrique du Sud est aussi naturel pour moi que de respirer ! » Si les disques manquent toujours, on note en 1994 la sortie de Spirit & The Blues, une réussite un peu oubliée aujourd’hui où le gospel est très présent grâce aux Deacons, dont les interventions sur des titres comme In my father’s house et Just keep goin’ on, sont remarquables. Et quand on parle de la place de la spiritualité dans le blues avec Eric, surtout en lui rappelant que cette musique a longtemps porté une certaine image négative, on touche à une corde sensible : « La culture du blues est spirituelle. Ceux qui ont révélé cette musique au monde sont des gens habités par le spirituel. Le monde des sens est compatible avec celui de l’esprit. Bien des bluesmen l’incarnent. Je réponds à cette question d’une façon aussi directe et honnête parce qu’elle concerne des aspects très complexes de la nature humaine, et qu’elle mérite certainement une discussion plus approfondie en une autre occasion ! »
C’est en 1997 que ne sort son premier « vrai » disque largement diffusé, le bien nommé Good Stuff : « J’ai commencé à enregistrer très jeune de mon côté. Mon père me prêtait son magnétophone à bobines dès mes 12 ans. J’ai écrit et enregistrer mes chansons depuis cette époque. Du fait de mes goûts musicaux éclectiques (même si j’ai toujours été très attaché aux racines de la folk music), cela m’apris du temps pour que ma production s’inscrive dans une dans une optique commerciale. Voilà pourquoi j’ai connu une « floraison tardive » en tant qu’artiste sur le marché du disque. Et puis, l’essentiel est de choisir le bon moment. »
Dès lors, Eric Bibb rattrape son retards et sort une quinzaine de cd, les plus connu en France étant Me To You, Painting Signs, Natural Light, Friends, A ship Called To Love, Diamond Days, Spirit I Am ou Live at FIP…
Son œuvre discographique, d’un haut niveau uniforme, forme un tout. Dès son enfance, du fait de son entourage musical et culturel, de ses voyages, d’une écoute permanente du monde extérieur et de ses goûts variés, il a puisé dans ces expériences ce qu’il met au service d’une œuvre aujourd’hui totalement aboutie. C’est manifeste dans tout ce qu’il fait : sur scène où la ferveur l’habite un peu à chaque sortie, sur disque au niveau des arrangements comme du choix des accompagnements, enfin des textes, un registre dans lequel il est passé maître. Ainsi, il se démarque de certains revivalistes même quand il rend hommage à ses aînées. Car sa démarche s’inscrit dans la profondeur, elle se nourrit beaucoup de la lecture, elle se base sur l’histoire tout en étant très contemporaine. Eric Bibb ne se contente pas de raconter sa vie, il narre une vie d’échanges mutuels, il ne relate pas le passé d’autres bluesmen, il d’écrit l’évolution des communautés folkloriques afro-américaine dans leur entier, des origines à nos jours. Toute la force de ses écrits est là, au point que l’on peut voir en lui un authentique explorateur, et presque un historien.
Certes, sa modestie l’empêche d’aller jusque là, et quand il évoque l’écriture, toute sa sagesse ressurgit : « C’est très gratifiant pour moi d’entendre que les gens apprécient les chansons que j’écris. Les textes sont essentiels à mes yeux et j’écris à partir de mes expériences en tant qu’élève de la vie. En composant, j’ai toujours cherché à découvrir davantage de moi-même et de mes rapports avec autrui. C’est grand de pouvoir taper du pied sur une chanson qui signifie vraiment quelque chose pour toi. Dans mes chansons, je parle de la condition humaine. Cette sorte d’éveil progressif au monde qui nous entoure, à nos responsabilités, j’essaye d’y faire écho et d’aider à son émergence. Mais je ne me définis pas comme un protestataire. Je ne proteste contre rien du tout dans mes chansons, je célèbre ce pouvoir que nous avons tous, qui nous permet de dépasser les difficultés, cette spiritualité qui nous permet d’œuvrer en tant que communauté. Il est illusoire de penser que nos malheurs nous viennent d’un gouvernement ou d’un quelconque monstre : nous avons-nous-même notre destin en main et il nous appartient d’en prendre conscience. Il ne sert ç rien de protester contre quelque chose que nous avons-nous-même créé. C’est notre propre cœur qui doit être purifié. Le pardon est la clé. »
« J’aime les disques live parce qu’ils recèlent une énergie qu’on ne peut pas capter en studio. Ecouter une personne sur scène est toujours une bonne manière de savoir qui elle est vraiment. En studio, il y a toujours moyen de faire illusion. La meilleure façon de travailler en studio pour un musicien, c’est d’essayer de réduire la différence avec les conditions du live. »
> ERIC BIBB <
source : Soul Bag n°197 / janv.-fév.-mars 2010
A1. Son Of Lazarus
A2. Mellow Meadows
A3. Tuesday Morning Rendez-Vouz
A4. Ain't It Grand
A5. I'm Not Crazy
B1. Lovefire
B2. Break The Hands
B3. When Uncle Pete Came To Town
B4. Losers Romp The Road
B5. The Last Time
A1. Catalina Estimada
A2. Lonesome Child Blues
A3. Look Over Yonder
A4. Candy Man
A5. Sunday School
B1. Lead Me, Guide Me
B2. Encuentro En La Estracion
B3. Going Home
B4. Rainbow People
A1. Lonesome Valley
A2. In My Fathers House
A3. Needed Time
A4. I Am Blessed
B1. Just Keep Goin' On 3:48
B2. Where Shall I Be
B3. Woke Up This Mornin'
B4. I Want Jesus To Walk With Me
C1. You're Gonna Need Somebody On Your Bond
C2. Braggin'
C3. Water Under The Bridge
C4. Tell Ol' Bill
D1. Satisfied Mind
D2. Meetin' At The Buildin'
D3. Waltz
A1. Good Stuff
A2. Saucer 'n' Cup
A3. Shingle By Shingle
A4. Don't Ever Let Nobody Drag Your Spirit Down
B1. Where The Green Grass Grows
B2. Blacksmith Island
B3. New World Comin' Through
B4. Too Much Whisky
C1. Nothin' Like You Used To Do
C2. All Of My Love
C3. A Simple Song
D1. Happy Home Recipe
D2. Done Laid Around
D3. Rough Waters
01. Keep My Cool
02. Sing You Song (Duet With Taj Mahal)
03. Catch Up To Your Heart
04. Between A Woman An'a Man
05. Talk To Me
06. You're The One
07. Something Much Greater (Duet With Pops Staples)
08. Strong Love
09. Looking Through The Window
10. Gonna Walk This Road
11. A Better Man
12. I Need A Vacation
13. I'll Be Your Car
14. Me To You
01. Tell Ol`d Bill
02. New Automobile
03. Sugar Mama
04. Candy Man
05. Panama Hat
06. Goin` Down Slow
07. For You
08. Gonna Walk This Road
09. I Want Jesus To Walk With Me
10. Sebastian`s Tune
11. Shavin` Talk
12. Saucer N` Cup
13. Gratitude
14. Lazy Afternoon
01. World War Blues
02. Healing Tome
03. Mandela Is Free
04. No More Cane On The Brazos
05. Livin' Lovin' An' Doin'
06. Walk The Walk
07. Put Your Foot Down
08. For You
09. New Shoes
10. Singin' In My Heart
11. Come Back Baby
12. Bring It On Home To Me
A1. Wrapped Up In Her Arms
A2. My Charleston Dream
A3. Dear John
A4. Just Like Love
A5. She's Still With Me
A6. I Wanna Be Ready
A7. Katri's Kindness
A8. Get It While It's Hot
A9. Home In That Rock
B1. Forever Ago
B2. Deep Sea Blues
B3. Sail Away Ladies
B4. All Your Sweetness
B5. Rock Island Rocket
B6. Marley's Mood
B7. That's Why I'm Here
B8. Prayin'
A1. Kokomo
A2. Delia's Gone
A3. Hope In A Hopeless World
A4. I Heard The Angels Singing
B1. Five Miles Above
B2. Angel
B3. Got To Do Better
C1. Walkin' Home
C2. Paintin' Signs
C3. To Know You
D1. Time To Move On
D2. Honest I Do
D3. The Light Was Worth The Candle
D4. Don't Ever Let Nobody Drag Your Spirit Down
01. Oh, Had I Golden Thread
02. Sylvie
03. Look Over Yonder
04. Five Hundred Miles
05. Love Like A Good Song
06. Let Me Fly
07. Deep River/I’ve Known Rivers/Mirey
08. There’s A River
09. Turn On All The Lights
10. Look Inside Your Heart
11. Fields Of Gold
12. Balm In Gilead
01. Too Much Stuff
02. Home Lovin' Man
03. So Sorry
04. Tell Riley
05. Guru Man Blues
06. Every Time It Rains
07. Champagne Habits
08. Water Works Fine
09. Circles
10. Right On Time
11. Gratefully Blue
12. Lucky Man Rag
13. Higher And Higher
01. Rock Daniel
02. Don't Ever Let Nobody Drag Your Spirit Down
03. Get Up Get Ready
04. Lean On Me
05. Bessie's Advice
06. Good Stuff
07. Rolling Log
08. Gotta Serve Somebody
09. Travelin' Woman Blues
10. Little Rain
11. Maggie Campbell
12. Give A Little More
13. My Sisters And Brothers
01. 99 1/2 Won't Do
02. Six O'Clock Blues
03. Goin' Down Slow
04. Lovin' In My Baby's Eyes
05. For You
06. The Cape
07. 'Tain't Such A Much
08. Needed Time
09. If I Stayed
10. Connected
11. Ribbons And Bows
12. Just Look Up
13. Cowgirl Queen
14. Kulanjan / Sebastian's Tune
15. Dance Me To The End Of Love
01. A Ship Called Love
02. Victory Voices
03. Right Where We Are
04. Like Aretha Loves To Sing
05. I'll Never Lose You
06. The Way You Are
07. Stickin' To You
08. Troubadour
09. That's What I Do
10. Turning World
11. More O' That
12. Faded Jeans
13. When I Hear The Waves
14. Praise 'N' Thanksgiving
01. Tall Cotton
02. Destiny Blues
03. Shine On
04. So Glad
05. Storybook Hero
06. Diamond Days
07. Dr Shine
08. Heading Home
09. In My Fathers House (Live)
10. Forgivness Is Gold
11. Buckets Of Rain
12. Still Livin' On
13. Worried Man Blues
01. The Prelude (Ol’ Man River)
02. Joe Hill
03. Praising Peace
04. Put On Your Robes Son
05. Motherless Child
06. Home In That Rock
07. Weepin’ Mary
08. The House I Live In
09. Shenandoah / The Water is Wide
10. On Our Journey
11. Danny Boy
12. Deep River
13. Ol’ Man River
14. A Friend Like You
01. Twelve Gates To The City
02. Woke Up This Mornin’
03. Needed Time
04. Shingle By Shingle
05. Let Me Fly
06. Mornin’ Train
07. The Soul Of A Man
08. I Want Jesus To Walk With Me
09. In My Father’s House
10. Show Me The Way
11. Right On Time
12. I Heard The Angels Singing
13. All My Trials
14. I Want Jesus To Walk With Me (instrumental reprise)
01. Spirit I Am
02. The Promised Land
03. New Beale Street Blues
04. Get Onboard
05. If Our Heart's Ain't In It
06. Pockets
07. River Blues
08. Deep In My Soul
09. Conversation
10. God's Kingdom
11. Step By Step
12. Stayed On Freedom
cd 1
01. Stayed On Freedom
02. Spirit I Am
03. The Promised Land
04. New Beale Street Blues
05. Get Onboard
06. If Our Heart's Ain't In It
07. Pockets
08. River Blues
09. Deep In My Soul
10. Conversation
11. God's Kingdom
12. Step By Step
cd 2
01. No More Cane On The Brazos
02. Stagolee
03. Goodnight Irene
04. Bourgeois Blues
05. Hold On
06. Water
07. I Shall Not Be Moved
08. Bonus video
cd 1
01. Kokomo
02 Stil Livin'On
03 Spoken Introduction
04 Got To Do Better
05 Diamond Days
06 Pockets
07 Hold On
08 Spoken Introduction
09 Connected
10 For You
11 In My Father's House
12 Needed Time
13 Shingle By Shingle
14 I Shall Not Be Moved
cd 2
01 Stagolee
02 Goin' Down Slow
03 Come Baby Back
04 Saucer 'n' Cup
05 Destiny Blues
06 Don't Ever Let Nobody Drag Your Spirit Dow
01. Booker's Guitar
02. With My Maker I Am One
03. Flood Water
04. Walkin' Blues Again
05. Sunrise Blues
06. Wayfaring Stranger
07. Train From Aberdeen
08. New Home
09. Nobody's Fault But Mine
10. One Soul To Save
11. Rocking Chair
12. Turning Pages
13. A Good Woman
14. Tell Riley
15. A - Z Blues
01. Katalin’s Introduction
02. The Cape
03. Introducing Staffan Astner
04. New Home
05. Troubadour
06. Shavin’ Talk
07. Walkin’ Blues Again
08. Tell Riley
09. Connected
10. New World Comin’ Through
11. Thanks for the Joy
12. For You
13. People Get Ready / Get Onboard
01. Invocation (on 7 strings)
02. Dream Baker
03. People You Love
04. It’s Been Too Long
05. River Blues
06. My Baby Loves Me
07. Shingle By Shingle
08. Victory Voices
09. Sweet Forever
10. Where Corn Grows Blue
11. Canada (Noah’s Song)
12. Ready
13. Wayfaring Stranger (Live)
14. The Light Was Worth The Candle
A1. Goin' Down The Road Feelin' Bad
A2. John Henry
A3. Take This Hammer
A4. Cocaine Blues
A5. Candy Man
A6. Goin' Down Slow
A7. Sittin' On Top Of The World
B1. Come Back Baby
B2. Frankie & Albert
B3. Stagger Lee
B4. Juke Dance
B5. My Honey Pie
B6. Satisfied
B7. Sophisticated Shade
01. Bayou Belle
02. Dig A Little Deeper In The Well
03. No Further
04. Sinner Man
05. Boll Weevil
06. In My Time
07. Every Wind In The River
08. Sittin' In A Hotel Room
09. Could Be You, Could Be Me
10. Money In Your Pocket
11. Music
12. The Times They Are A Changin'
13. Movin' Up
01. On my way to Bamako
02. L.A.
03. Touma Ni Kelen / Needed time
04. Tombouctou
05. We don’t care
06. Send us brighter days
07. Nani Le
08. Khafole
09. With my maker I am one
10. Foro Bana
11. Mami Wata
12. Blowin’ the wind
13. Goin down the road feelin’ bad
A1. Drinkin Ground
A2. Freedom Train
A3. Let The Mothers Step Up
A4. Have A Heart
A5. The Right Thing
B1. Death Row Blues
B2. Can`t Please Everbody
B3. The Lord`s Work
B4. With My Maker I Am One
C1. They Know
C2. She Got Mine
C3. Good Like You
C4. One Day At A Time
C5. Now
D1. Jackson Town
D2. Driftin Away
D3. Currency Of Love
D4. Nanibali
01. Silver spoon
02. Driftin’ door to door
03. God’s mojo
04. Turner station
05. Pink dream cadillac
06. Chocolate man
07. Rosewood
08. I heard the angels singin’
09. Dream catchers
10. Chain reaction
11. Needed time
12. Out walkin’
13. Remember the ones
14. Home
15. Where do we go
01 Grey Goose
02 When That Train Comes Along / Swing Low, Sweet Chariot
03 On A Monday
04 The House Of The Rising Sun
05 Midnight Special
06 Bring A Little Water, Sylvie
07 Where Did You Sleep Last Night
08 When I Get To Dallas
09 Pick A Bale Of Cotton
10 Goodnight, Irene
11 Rock Island Line
12 Bourgeois Blues
13 Chauffeur Blues
14 Stewball
15 Titanic
16 Swimmin' In A River Of Songs
01.So Loved
02. Maybe I'll Hear from You
03. Between Young and Old
04. You Were Made for Me
05. What I Know
06. Since I've Known You
07. Dive Deep
08. Show Me the Way
09. The Last Place I Looked
10. May Our Love