Sylvester Stewart alias Sly Stone, né le 15 mars 1943 à Denton dans la banlieue de Dallas déménage dès son plus jeune âge avec sa famille à Vallejo dans la baie de San Fransisco, une ville à forte proportion de noirs et de mexicains.
Cet ancien DJ a la particularité de mixer à l'antenne du Stax et du Motown, entrecoupé de Beatles et de Dylan. A neuf ans, ce boulimique de musique enregistre son premier disque. Puis le jeune DJ musicien travaille durant trois ans pour Autumn Records, le label de Tom Donahue en phase avec les considérations psychédéliques, country, garage et expérimentales de la scène rock locale. Sly est alors au coeur de l'action quand l'explosion psyché recouvre la Bay Area. Guerre du Vietnam, dope, libération des moeurs, les campus propagent la crise existentielle que traverse la jeunesse américaine. Obsédé par la musique sous toutes ses formes, Sly Stone produit tout ce qu'il peut produire: The Great Society, avec Grace Slick, future chanteuse du groupe de rock psychédélique Jefferson Airplane, mais aussi le country rock assez soft de certaines formations comme les Beau Brummels, Mojo Men, Vejtables, Chosen Few, Airplane. Bref, Sly emmagasine les expériences pop, folk, ou rock sans jamais oublier de conserver un oeil bien ouvert en direction de la soul et du R&B produit de l'autre côté du pays.
Mais malgré cette forte concentration de contre-culture, tout est encore très blanc à San Francisco. Sly est surtout conscient qu'il lui faut son propre carburant, loin d'une soul qui, coincée dans ses conventions, commence à se répéter et d'un rock de plus en plus solennel et grandiloquent depuis la vague psychédélique.
BIENVENUE DANS LA FAMILY
L'année du Cold Sweat de James Brown, Sly Stone s'offre son propre laboratoire en formant Sly & the Family Stone.
En mélangeant savamment les recettes pop de la Tamla Motown, les thèmes de la contre-culture, la folie psychédélique, les expériences des Beatles, l'aura du gospel et le bon vieux rhythm'n'blues de papa, il donne naissance à un cocktail jusqu'ici unique dans l'histoire de la musique populaire. Symbole des symboles, la Family panache Noirs et Blancs, hommes et femmes. Loin des codes vestimentaires de la soul, ses sept membres déballent chemises à fleurs, pantalons pattes d'eph' et lunettes mouches. Sur scène, les présentations codées et rigides, façon Apollo Theater, implosent pour faire place à une fiesta débridée et une énergie communicative. À la guitare, Freddie Stewart, frère cadet de Sly. Aux claviers, Rose, leur soeur. Aux cuivres, Cynthia Robinson et Jerry Martini. A la batterie, Gregg Errico, cousin de Jerry. Et enfin à la basse, Mister Slap, l'immense Larry Graham.
Le label Epic est impressionné d'entrée par les premiers singles et les prestations scéniques du groupe, et signe Sly & the Family Stone dès 1967. Loin d'être un chef-d'œuvre, leur premier opus, qui sort en octobre 1967, A Whole New Thing, ébauche le style de cet ovni californien.
Mais c'est l'année suivante, avec l'album Dance To The Music, que la bombe Sly & the Family résonne dans tout le pays. Pour la première fois, un groupe certes multiracial, mais emmené par un Noir, touche le public blanc. La direction d'Epic est consciente du potentiel commercial. Et pour certains babas blancs californiens, la musique de Sly est un premier contact avec un pan entier de la musique populaire noire de l'Amérique. D'ailleurs, le public de Sly est encore majoritairement blanc. Ce mélange de son psychédélique et de pop, de rhythm'n'blues et de rock offre sur un plateau son premier hit à Sly grâce au single Dance To The Music. Sans qu'un clash des titans "James Brown contre Sly Stone" ait une quelconque légitimité, il est intéressant de mettre en parallèle la façon dont James déstructurera la chanson au sens pop du terme pour en faire une longue plainte rythmique, et la manière dont Sly préférera rester dans le contexte de cette même chanson pour la chambouler de l'intérieur. L'homme de Dance To The Music est musicalement plus perfectionniste que celui de Cold Sweat. Plus ouvert également aux nouvelles idées.
Si Sly reste le cerveau de la Family, deux membres apportent une contribution vitale. Son guitariste de frère, Freddie, dont l'utilisation des pédales d'effets est indissociable du "son Family". Mais surtout Larry Graham, bassiste de génie, au style unique, révolutionnaire. Le son de cette basse Vox branchée dans une pédale de distorsion Fuzztone ira d'ailleurs jusqu'à marquer l'autre pape de l'instrument, un certain Bootsy Collins. Pour la petite histoire, Graham s'est forgé ce style très particulier durant ses années d'apprentissage, lorsqu'il officiait dans des groupes sans batteur où il fallait combler le vide. Mais Sly est progressivement dépassé par son personnage et ses propres excentricités. L'énergie post-soixante-huitarde glisse du positif à l'agressif, et le mouvement des droits civiques n'est plus qu'un vague souvenir. Clairement, l'optimisme déluré des premières heures de la Family s'effrite face à la réalité d'un pays en pleine mutation. Publié en février 1969, l'album Stand! marque un tournant dans la carrière du génial musicien mais également dans l'histoire du funk. Son titre déjà. Un " Debout! " rassembleur emmené par des morceaux coup de poing (Stand! et Don't Call Me Nigger, Whitey) socialement engagés, (Everyday People, véritable manifeste repris vingt-trois ans plus tard par le groupe d'Arrested Development) et prônant l'usage des stupéfiants (I Want To Take You Higher, l'un des orgasmes du festival de Woodstock, en août de la même année, où Sly & the Family Stone font un tabac !). Enfin, sur Sex Machine, un intense tunnel de treize minutes quarante, du blues crado passé au papier de verre, Sly amorce un décollage vers un au-delà foncièrement funk qu'il atteindra sur le sombre There's A Riot Goin' On. La basse de Larry soutient de plus en plus les fondations mélodiques, et Freddie torture sa guitare et son ampli comme jamais. L'album Stand! est un no man's land qui tranche entre le Sly sixties optimiste et pop et le Sly seventies perturbé, sombre et salement funky.
Stand!
Don't Call Me Nigger Whitey
Everyday People
Arrested Development - Everyday People
I Want To Take You Higher
En janvier 1970, Thank You (face B du single Everybody Is A Star) laisse éclater un cynisme auquel le public n'était guère habitué. Après Stand!, les Black Panthers, conscients de l'impact de Sly Stone sur la communauté noire, le menacent et lui ordonnent de se séparer des Blancs de son groupe. Sly Stone a toujours en tête la vision d'une société multiraciale et il reproche aux radios purement R&B de ne jamais s'ouvrir au bruit blanc. Stand! a propulsé la Family au rang de stars à message.
Le titre Thank You sera le point de départ d'un funk jusqu'ici inconnu. Ce morceau est une nouvelle approche qui fait place à plus d'interaction entre les instruments et surtout à la basse de plus en plus maousse de Larry Graham.
Thank You
Everybody Is A Star
Face au succès grandissant et à la demande du public, Sly répond par... le silence ! Un silence qui coïncide avec un déménagement de la Family pour Los Angeles. Les fleurs, l'herbe et la paix font place à la coke, aux flingues et à un esprit caillera d'avant l'heure. Adieu sourires et paillettes! Bonjour stress et descente aux enfers! Et bienvenue dans les limbes de There's A Riot Goin' On.
LES CAUCHEMARS DU FUNK
Le funk ne pouvait évoluer sans la consommation de plus en plus massive de drogues en tout genre. Un chef-d'œuvre comme There's A Riot Goin' On est l'exemple parfait d'un accouchement dans la douleur.
Au printemps 1970, Sly Stone jette donc l'ancre dans une immense maison de Coldwater Canyon à L.A. et ouvre des bureaux à sa Stone Flower Production sur Vine Street. Pour la modique somme de 12 000 dollars par mois, il loue à John Phillips des Mama's & the Papa's une immense villa au 783 Bel Air Road. Coke à gogo, concerts annulés à la pelle (vingt-six sur quatre-vingts en 1970 et douze sur quarante en 1971), sa maison de disques, Epic, s'impatiente et attend les improbables bandes d'un nouveau disque. Pendant ce temps, Sly le prophète s'enlise. Les rumeurs colportant que sa voix est cassée s'amplifient. Il passerait même ses journées enfermé dans sa luxueuse retraite à jouer seul d'interminables lignes de basse. Larry Graham est de plus en plus sur la sellette, lui qui n'a pas fait le voyage pour Bel Air, et a préféré rester à San Francisco. Puis Sly sombre dans le catalogue des mauvais plans du junk de base, slalomant entre les cadavres de centaines de bouteilles d'alcool qui jonchent le sol de son bunker de Bel Air Road. Un soir, déterminé à toucher les loyers impayés, John Phillips débarque avec une escadrille de chicanos armés jusqu'aux dents et une horde de chiens aux crocs luisants !
À partir de ce jour, dans une parano grandissante, Sly ne se sépare désormais plus d'un personnage glauque, un certain Hamp "Bubba" Banks, ex-taulard adoubé garde du corps.
There's A Riot Goin' On est enregistré sur une console seize pistes installée au premier étage de la maison. Les musiciens défilent. Les groupies (sélectionnées par Bubba) aussi. Sly s'isole. La Family n'a plus de Family que le nom.
Leur leader commence d'abord par éloigner Larry, son bassiste cinq étoiles, véritable crooner à la voix de baryton. Celui-ci jouera d'ailleurs toutes ses parties de l'album en overdub sans être présent avec le reste du groupe à Bel Air. Pire, Sly efface des bandes certaines parties de Larry, et joue lui-même de la basse, comme sur You Caught Me Smilin'. Le batteur Greg Errico subit le même sort: c'est Sly en personne qui contrôle la boîte à rythmes de marque Rhythm King de Family Affair. Et Errico est le premier à quitter le navire.
La folie de There's A Riot Goin' On est en fait la B.O. d'un Sly Stone qui doute.
You Caught Me Smilin'
Family Affair
Un Sly apparemment très minimaliste, baignant dans les overdubs, seul maître à bord. Avec l'enregistrement de Thank You For Talking To Me Africa, Sly, incapable de chanter, ralentit la bande et s'enregistre en train de marmonner d'incompréhensibles charabias. Retranché dans son bunker, il accueille Bobby Womack, témoin de l'apocalypse : une Family blindée à la coke, des filles chargées elles aussi et prêtes à servir d'amuse-bouche à un Sly Stone en orbite. Comme tous les grands albums maudits, There's A Riot Goin' On accumule les anecdotes, vraies ou fausses. Des piles et des piles de bandes perdues ou volées, la visite prophétique d'un certain Miles Davis s'amusant aux claviers mais jamais crédité... La villa de Bel Air n'a pas fini de livrer tous ses secrets.
Epic, voyant sa star partir en vrille, lui coupe les vivres ! La légende veut qu'à l'annonce de la nouvelle Sly aurait débarqué en pyjama de soie rouge dans un palace de Beverly Hills pour prier Clive Davis, grand timonier du label, de sortir son chéquier au plus vite...
Thank You For Talking To Me Africa
L'entourage de Sly Stone n'en peut plus. Au management, Ken Roberts prend la suite d'un David Kapralik lessivé, et booke le groupe pour trois soirs de septembre 1971 au Madison Square Garden de New York. Un mois plus tard, la bombe There's A Riot Goin' On éclate enfin à la face du monde: sombre, drogué, désespéré, le disque impressionne la galerie. Pour le critique Dave Marsh, il s'agit du Festin nu de Burroughs façon Sly Stone! Le funk clintonien affublé d'un nez de clown est à des années-lumière de la ténébreuse vision proposée ici par Sly Stone. Imaginer qu'un tel disque aussi paranoïaque a pu naître d'une aventure aussi sombre et décousue est l'un des mystères non résolus de l'histoire du funk. Car c'est bien de funk qu'il s'agit ici. De ce funk sale et enfumé, libre comme l'air, indompté comme l'électricité et vénéneux comme l'héro qui circule dans les ghettos américains.
PLUS DURE SERA LA CHUTE...
Cérébralement exilé sur Pluton et Jupiter, Sly Stone n'est pas vraiment à même de constater que There's A Riot Goin' On l'a installé pour toujours au panthéon des génies de la musique populaire. En juillet 1972, la police l'arrête à bord de son mobil-home transformé en supermarché ambulant de cocaïne, d'héroïne et de flingues. Ses prestations live sont de plus en plus inconsistantes, à l'image du show organisé par la station KROQ, au Coliseum de Los Angeles, sorte de Woodstock de la côte Ouest où Sly et les siens sont conspués par la foule. En backstage, une bagarre entre le leader de la Family et Larry Graham vient même ponctuer ce flop.
Avant de sombrer définitivement, Sly Stone réussira pourtant à utiliser une dernière fois les ultimes éclats de son incontestable génie. Un saut digne de Bruce Lee, immortalisé par le photographe Richard Avedon, illustre la pochette de ce chef-d'oeuvre de 1973: l'album Fresh. Contenant In Time qui inspirera Miles Davis et son On The Corner, cette dernière merveille, moins glauque mais tout aussi parano que le disque précédent, est une nouvelle toile de lignes de basse infernales (Rusty Allen a remplacé Larry Graham parti fonder son propre groupe, Graham Central Station), de claviers climatiques et de cuivres percussifs.
Sly Stone composera en 1974 le 7è album de la Family Stone intitulé Small Talk.
Un album encore plus positif que le précédent, où il est question de poésie, de famille, avec un titre hommage à sa mère (Mother Beautiful). Sur cet album Sly Stone a aussi fait venir un violoniste, Sid Paige, apportant encore plus d'émotions dans les compositions.
Mother Beautiful
A partir de High On You en 1975, Sly Stone se retrouve seul face à l'auditoire afro-américaine qui lui rend hommage en plaçant I Get High On You dans le Top 10 Soul, la Family Stone n'est pas créditée et d'ailleurs la plupart ne font que quelques apparitions dans l'album. Mais le soutien du grand public s'est définitivement évaporé avec l'arrivée du disco. Pour Sly, dont l'hebdomadaire afro-américain "Jet" décrit le dénuement (il doit alors au fisc américain 5 millions de dollars) et la solitude dans un article de 1976, les problèmes de santé et les confrontations avec la loi se multiplient, ses disques ne se vendent plus (Heard Ya Missed Me, Well I'M Back n'apparaît même pas dans les listes des meilleurs ventes d'albums Pop en 1976) et son contrat avec Epic prendra fin en 1979 après un ultime affront : la mise en sauce disco de ses anciens succès dans Ten Years Too Soon.
I Get High On You
Dès 1977, sa vie n'est plus qu'une interminable succession d'arrestations entrecoupées d'enregistrements plus anecdotiques les uns que les autres.
En octobre 1979, après une énième interpellation à Hollywood, Sly Stone suit un programme de désintoxication. Ses albums n'ont alors plus d'âme: où est passée la magie de Dance To The Music, There's A Riot Goin' On et Fresh?
La perspective d'entrer dans une nouvelle décennie est l'occasion de prendre de bonnes résolutions; plusieurs signes font croire à la renaissance de Sly & the Family Stone, en partie reconstitué pour la parution sur Warner à la fin de 1979 de Back on The Right Track, mais la critique est féroce et les acheteurs trop éloignés de leurs anciennes préoccupations pour prendre le temps d'écouter un album tristement classé en 152e place sur la liste des meilleurs ventes.
Avec on nom pour tout bagage, Sly fait une apparition sur l'album The Electrique Spanking Of War Babies de Funkadelic en 1981, avant de partir en tournée avec le
P-Funk All Stars de George Clinton. Il y puisse suffisamment d'énergie pour enregistrer l'album Ain't But The One Way en 1983, mais son arrestation par la brigade des stupéfiants, suivie d'un séjour dans un centre de désintoxication, condamnent son retour sur le devant de la scène.
L'année suivante, il est invité par Bobby Womack à participer à une tournée de deux mois; depuis qu'il a participé comme guitariste à l'enregistrement de There's A Riot Goin' On, Bobby Womack dit à qui veut l'entendre qu'il doit son habilité de producteur à Sly, mais cet hommage ne suffit pas à ramener sur terre un créateur qui a perdu tout contact avec la réalité depuis longtemps.
Le seul moment fort d'une décennie tragique est sa présence sur Crazay, un single du guitariste Jesse Johnson de The Time qui se hisse au deuxième rang des charts Black à l'automne 1986. Un an plus tard, après une apparition éphémère sur la B.O. du film Soul Man (Love And Affection avec Martha Davis du groupe de rock The Motels), il est à nouveau arrêté pour possession de cocaïne.
Jesse Johnson (The Time) & Sly Stone - Crazay
Martha Davis (The Motels) & Sly Stone - Love And Affection
L'une des dernières apparitions publiques de Sly Stone remonte au 12 janvier 1993, où la Family Stone est intronisé au prestigieux Rock'n'Roll Hall of Fame de Hollywood pour l'ensemble de leurs œuvres. Dans une combinaison bleu ciel, apparemment apaisé, le revenant vient alors remercier l'assistance, puis disparaît aussi vite qu'il est arrivé...
sources :
- "Le Funk", par Marc Zisman (éditions Librio Musique, 2003)
- "Encyclopédie du Rhythm & Blues et de la Soul", par Sebastian Danchin (éditions Fayard, 2002)
A1. Underdog
A2. If This Room Could Talk
A3. Run, Run, Run
A4. Turn Me Loose
A5. Let Me Hear It From You
A6. Advice
B1. I Cannot Make It
B2. Trip To Your Heart
B3. I Hate To Love Her
B4. Bad Risk
B5. That Kind Of Person
B6. Dog
A1. Dance To The Music
A2. Higher
A3. I Ain't Got Nobody (For Real)
A4. Dance To The Medley
(Music Is Alive / Dance In / Music Lover)
B1. Ride The Rhythm
B2. Color Me True
B3. Are You Ready
B4. Don't Burn Baby
B5. I'll Never Fall In Love Again
A1. Dynamite!
A2. Chicken
A3. Plastic Jim
A4. Fun
A5. Into My Own Thing
A6. Harmony
B1. Life
B2. Love City
B3. I'm An Animal
B4. M'Lady
B5. Jane Is A Groupee
A1. Stand!
A2. Don't Call Me Nigger, Whitey
A3. I Want To Take You Higher
A4. Somebody's Watching You
A5. Sing A Simple Song
B1. Everyday People
B2. Sex Machine
B3. You Can Make It If You Try
A1. Luv N' Haight
A2. Just Like A Baby
A3. Poet
A4. Family Affair
A5. Africa Talks To You "The Asphalt Jungle"
A6. There's A Riot Goin' On
B1. Brave & Stromp
B2. (You Caught Me) Smilin'
B3. Time
B4. Spaced Cowboy
B5. Runnin' Away
B6. Thank You For Talkin' To Me
A1. In Time
A2. If You Want Me To Stay
A3. Let Me Have It All
A4. Frisky
A5. Thankful N' Toughtful
B1. Skin I'm In
B2. I Don't Know (Satisfaction)
B2. Keep On Dancin'
B4. Que Sera, Sera (Whatever Will Be, Will Be)
B5. If It Were Left Up To Me
B6. Babies Makin' Babies
A1. Small Talk
A2. Say You Will
A3. Mother Beautiful
A4. Time For Livin'
A5. Can't Strain MY Brain
B1. Loose Booty
B2. Holdin' On
B3. Widhful Thinkin'
B4. Better Three Than Me
B5. Livin' While I'm Livin'
B6. This Is Love
A1. I Get High On You
A2. Crossword Puzzle
A3. That's Lovin' You
A4. Who Do You Love?
A5. Green Eyed Monster Girl
B1. Organize
B2. Le Lo Li
B3. My World
B4. So Good To Me
B5. Greed
A1. Heard Ya Missed Me, Well I'm Back
A2. What Was I Thinkin' In my Head
A2. Nothing Less Than Happiness
A4. Sexy Situation
A5. Blessing In Disguise
B1. Evrything In You
B2. Mother Is A Hippie
B3. Let's Be Together
B4. The Rhing
B5. Family Affair
A1. Remember Who You Are
A2. Back On The Right Track
A3. If It's Not Adding' Up
A4. The Same Thing (Makes You Laugh, Makes You Cry)
B1. Shine It On
B2. It Takes All Kinds
B3. Who's To Say?
B4. Sheer Energy
A1. L.O.V.I.N.U
A2. One Way
A3. Ha Ha, Hee Hee
A4. Hobo Ken
B1. Who In The Funk Do You Think You Are
B2. You Really Got Me
B3. Sylvester
B4. We can Do It
B5. High, Y'all