ANN PEEBLES

27 avril 1947

Discographie

Il dirige la chorale familiale, le Peebles Choir, composée de sa femme Eulah, de leurs enfants, neveux, nièces et cousins… C’est donc là qu'Ann Peebles fait son apprentissage musical à partir de 9 ans. Avec le Peebles Choir, elle découvre aussi la scène puisque la chorale se produit de ville en ville, avec la chance de croiser quelques grands noms comme Mahalia Jackson (qui seront deux de ses principales influences avouées, avec Aretha Franklin).

A son entrée dans la vie adulte, elle élargie son horizon musical en découvrant à la radio les disques de Sam Cooke et Otis Redding, se mettant à rêver d'une carrière sur scène, comme elle l'a raconté par la suite.

Ses premières scènes se feront dans les clubs du ghetto d'East Saint-Louis. Sa carrière prendra un tournant décisif quand, à l’occasion d’un séjour à Memphis en 1968, elle assiste à une prestation du chef d'orchestre Gene "Bowlegs" Miller au Rosewood Club, où elle demande l'autorisation de chanter Steal Away de Jimmy Hugues. Subjugué par la force de conviction qui émane de cette jeune femme, Miller décide de la présenter à Willie Mitchell, directeur artistique chez Hi Records, qui cherche justement des artistes Soul pour rajeunir un peu l’image de la compagnie. Pour Ann, c'est le début d'une relation quasiment familiale avec le clan Hi, que viendra concrétiser en 1973 son mariage avec l'un des auteurs attitrés de la firme, Don Bryant.

Un an avant qu'Al Green ne dévoile son potentiel avec "You Say It" et "I Can't Get Next To You", Ann Peebles enregistre son premier 45t, une chanson écrit par Oliver Sain, "Walk Away", qui s'arrête aux portes du Top20 Soul au printemps 1969.

Walk Away

Willie Mitchel trouve là l'interprète féminine idéale pour ses arrangements riches en cuivres et en cordes, et il s'empresse de lui consacrer deux albums, This Is Ann Peebles et Straight From The Heart.

Mais c'est grâce au titre "Part Time Love", un standard de Clay Hammond popularisé par Little Johnny Taylor que le nom d'Ann Peebles entrera dans le Top10 à l'automne 1970.

Clay Hammond - Part Time Love

Little Johnny Taylor - Part Time Love

Ann Peebles - Part Time Love

Le succès grandissant, Ann Peebles ne quitte rarement les charts afro-américains jusqu'au milieu de la décennie avec des singles comme "I Pity The Fool", une relecture d'un ancien succès de Bobby Bland en 1971,

Bobby Bland - I Pity The Fool

Ann Peebles - I Pity The Fool

mais aussi "Breaking Up Somebody's Home", repris notamment par Etta James, Bette Midler et Albert King,

Ann Peebles - Breaking Up Somebody's Home

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Etta James - Breaking Up Somebody's Home

Bette Midler - Breaking Up Somebody's Home

Albert King - Breaking Up Somebody's Home

ou bien encore "I’m Gonna Tear Your Playhouse Down", une chanson qui propulsera Paul Young vers le succès en 1985 et dont Gramatik samplera le titre sur "Doin' It" en 2008.

Ann Peebles - I’m Gonna Tear Your Playhouse Down

Paul Young - I’m Gonna Tear Your Playhouse Down

Gramatik - Doin' It

L'année 1973 est sans nul doute la plus marquante du parcours d'Ann Peebles qui co-signe avec son mari Don Bryant ce qui reste sa création essentielle, une description verbale et sonore de la solitude amoureuse intitulée "I Can’t Stand The Rain". Classé au sixième rang des charts Soul, cette chanson déborde à peine du cadre de l'Amérique noire avec sa trente-huitième place au Hot 100. 

Mais d'autres artistes ne s'y trompent pas et voient là un des titres majeurs de la décennie tel que le groupe de disco Eruption ou bien la très belle performance de Tina Turner pour ne citer qu'eux.

Ann Peebles - I Can't Stand The Rain

Eruption - I Can't Stand The Rain

Tina Turner - I Can't Stand The Rain

L'arrivée du disco n'arrange pas les affaires de Willie Mitchell qui éprouve des grandes difficultés à faire entendre sa chanteuse, même si les albums I Can’t Stand The Rain en 1974 et Tellin' It deux ans plus tard leur permettent d'engranger quelques hits mineurs : "(You Keep Me) Hangin’ On", "Beware", "Come To Mama", "Dr. Love Power".

(You Keep Me) Hanging' On (1974)

Beware (1976)

Come To Mama (1976)

Dr. Love Power (1976)

Après la débâcle commercial de l’album If This Is Heaven, Willie Mitchell tente de modifier son approche en plaçant Ann Peebles dans un contexte plus contemporain avec The Handwriting’s On The Wall en 1978, mais la formule prend mal dans les charts malgré la qualité des textes et des arrangements de "Old Man With Young Ideas" ou de "I Didn't Take Your Man", une conversation téléphonique dans la lignée du "Woman To Woman" de Shirley Brown.

Old Man With Young Ideas

I Didn't Take Your Man

Le rachat d'Hi Records par Cream Records marque la fin de la grande époque, avec le départ d'Al Green, puis celui de Willie Mitchell. C’est à ce moment là qu'Ann Peebles décide de faire une pause et retourne à Saint Louis pour consacrer à sa famille. 

Ann Peebles ne reste toutefois pas inactive, puisqu’avec son mari Don Bryant, ils montent leur propre label gospel, Faith Records. Cette pause durera une dizaine d'années jusqu'au jour de 1989 où Willie Mitchell décide de la rappeler pour enregistrer sur son label Waylo l'album Call Me. 

Avec l'intérêt grandissant du public international pour la soul-blues, Ann Peebles effectue plusieurs tournées en Europe et au Japon ce qui lui a permis d'intéresser à son sort le label Bullseye Records, chez qui elle sortira les albums Full Time Love (1992) et Fill This Wold With Love (1996), en étroite collaboration avec Don Bryant qui accepta pour l'occasion de faire une infidélité au monde du gospel.

Ann Peebles est l’exemple type de ces artistes qui ont apporté à la Soul Music une immense contribution sans jamais obtenir une reconnaissance à la hauteur de leurs mérites. Néanmoins, elle continue inlassablement de tourner aux Etats-Unis, et parfois même en Europe, accompagné par un groupe constitué en partie d’anciens de la Hi Rhythm Section.

source : Encyclopédie du Rhythm & Blues et de la Soul (Fayard - 2002)